La kinésiologie, une approche complémentaire pour prendre soin des enfants.
Les enfants qui nous sont confiés ont vécu des traumas importants : en lien avec les raisons qui ont conduit au placement et de par l’éloignement familial, qui en tant que tel fait trauma.
Notre mission est de les aider à construire ou reconstruire leurs repères. Nous devons les protéger mais aussi en « prendre soin ». Notre travail ne consiste pas « juste » à les loger, les nourrir, soigner leurs bobos et les accompagner à l’école. Nous devons les aider à grandir, à gérer leurs émotions, à reprendre confiance en eux et en les autres, à s’épanouir.
Il y a 3 ans, nous avons décidé de consacrer une partie de notre budget à des séances de kinésiologie avec quelques enfants de la Maison des Petits (service résidentiel qui accueille 35 enfants de 0 à 6 ans). La kinésiologue vient une fois par mois et prend en charge, à chaque venue, 6 enfants en individuel. L’effet sur les enfants n’est pas transformationnel mais nous sentons que cela leur faire beaucoup de bien. Vraiment. Nous souhaiterions vivement pouvoir le rendre accessible à un plus grand nombre d’enfants.
Aurélie Colaert, Directrice Pédagogique de la Maison des Petits, témoigne :
« Le travail accompli avec la kinésiologue est vraiment complémentaire au travail réalisé par les équipes dans les unités de vie et par les thérapeutes. Cela ne remplace pas le médical. C’est vraiment un plus pour l’enfant, pour l’aider à se sentir mieux. Tous ne réagissent pas de la même manière. Chez certains, on sent une réelle détente corporelle après la séance. Au niveau de l’endormissement et du sommeil, on sent un vrai apaisement. Ce n’est pas un changement drastique évidemment mais on sent que ça les apaise. Chez les grands, parfois cela libère la parole. Il est arrivé qu’un enfant qui était complètement renfermé et ne parlait que très peu, s’ouvre et se confie à la kinésio, qu’il lui raconte certaines choses qu’il n’avait jamais raconté en service. »
Témoignage de Caroline, kinésiologue à la Maison des Petits :
« Je travaille avec ce que les enfants me donnent : le bagage de leur vie compliquée, leurs peurs, leur sommeil, leur manière d’interagir avec les autres. Je m’adapte à qui ils sont, à ce moment-là. Il y a des jours où on peut travailler beaucoup, d’autres pas. Au début, je prends le temps d’entrer en contact avec eux, de créer le lien. Le travail de kinesio est un travail de contact mais je prends le temps avant d’entrer en contact physique avec eux. Ils ont tous, ou presque, des troubles de l’attachement. Certains sont dans une sorte d’état d’hypervigilance permanente. Et parfois, pendant la séance, ils arrivent à complètement lâcher prise. Comme je travaille au niveau du corps, j’en ai qui s’endorment parfois et qui reviennent complètement détendus. C’est impressionnant. Les enfants dont je m’occupe sont jeunes, 6 ans pour les plus âgés. Le verbal n’est pas toujours aisé, surtout en ce qui concerne ce qu’ils ressentent. J’ai eu des enfants qui après quelques séances ont commencé à se confier et m’ont raconté des éléments de leur histoire qu’ils n’avaient jamais racontés avant. C’est aussi une occasion de tisser du lien en individuel. C’est interpellant comme ils se souviennent de moi même si je ne les vois qu’une fois par mois et comme un lien se crée. Je n’ai aucune attente. Je fais de mon mieux pour leur apporter un peu d’apaisement, même si ce n’est pas grand-chose. Cela fait 3 ans maintenant que je travaille à la Maison des Petits et je n’ai jamais eu une mauvaise expérience. J’ai des retours positifs des équipes. Quand je les ramène dans leur unité de vie, je les sens apaisés alors je me dis que j’ai sans doute réussi quelque chose. »